Jonché de qualité, les deux premiers épisodes pêchaient en revanche sur un détail à chaque fois : le héros, froid, sans charisme, et tout simplement sans intérêt. Les critiques ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd avec l'arrivée de Delsin, jeune adulte légèrement rebelle sur les bords qui aiment un peu taquiner les forces de l'ordre en plaçant quelques tags autour de la réserve indienne qui lui sert de foyer. Forcément, ce n'est pas forcément du goût de sa « mama » qui reste trop gentille pour le gronder, mais encore moins de son frère, justement flic. L'histoire prend place quelques temps après les événements du deuxième épisode, à une période où le DUT semble plus que jamais gagner la guerre contre les bio-terroristes, aussi appelés « porteurs ». Ironie du sort, le groupe armé à la solde du gouvernement est justement dirigé par un porteur, ou plutôt une porteuse, du genre avec le mot « méchante » gravé sur le front. Un accident de circulation aux abords de Seattle va changer le destin de Delsin qui, venant secourir quelques prisonniers du DUT, va découvrir qu'il est lui-même un porteur et pas n'importe lequel : sa capacité est celle d'absorber n'importe quel pouvoir en touchant simplement sa cible. Une sérieuse altercation plus tard, laissant le DUT interroger les membres de la réserve à sa façon, et l'objectif de notre héros sera on ne peut plus clair : aller à Seattle, voler le pouvoir de miss DUT pour guérir sa famille, et si possible, botter le cul de tout ce qui bouge.Le scénario est donc assez simple mais plutôt bien mis en avant. Sans jouer le perfectionnisme d'un Rockstar, la poignée de protagonistes se montrent assez attachants, en particulier Delsin justement qui est un peu comme n'importe lequel d'entre nous : malgré l'interdiction, les restrictions et le besoin de se la jouer discret, lorsqu'on a des pouvoirs, on a quand même vachement envie d'en profiter un maximum. Un héros dans la norme de notre époque en somme et finalement plutôt réussi et drôle, l'excellent doublage français restant l'un des points forts du jeu. Et comme dans les deux précédents, il sera possible de choisir sa destinée avec toujours une notion de choix vous poussant vers le bien et le mal, dans vos actions en combat mais bien évidemment au cœur du scénario, donnant l'envie à l'occasion de se relancer dans l'aventure en changeant de direction pour connaître chacune des conséquences.
Bon, on ne va pas le cacher car tout le monde est au courant désormais : InFamous : Second Son est beau. Incroyablement beau. Il s'agit ni plus ni moins du plus beau jeu « Next-Gen » à l'heure actuelle, le jeu faisant le quasi sans-faute avec son 1080p, son 30FPS incroyablement stable malgré la profusion de détails, des textures à tomber par terre, une distance d'affichage qui servira de leçon à d'autres développeurs et surtout des effets de particule et de lumière juste hallucinants. La classe à l'état brut et on se plaît à s'arrêter de temps à autre pour admirer un rendu on ne peut plus surprenant à seulement quatre mois du lancement de la nouvelle génération. Et contrairement aux rumeurs : non, il n'y a pas eu de downgrade depuis l'E3 et oui, il y a bien des piétons en nombre suffisant même s'il serait temps, 13 ans après GTA III, qu'un studio parvienne à offrir une vraie « foule » à certains endroits d'un open-world. Mais tout n'est pas non plus parfait et comme il est de coutume, plus c'est beau, plus on se montre regardant sur les détails. On remarquera par exemple de superbes textures de boues, mais qui n'affichent pas nos traces de pas. On rechignera également devant l'absence de cycle jour-nuit en temps réel, le temps avançant seulement en fonction des missions. Et on pourra également pinailler devant l'absence totale d'IA des automobilistes qui suivent un rail façon manège en se contentant de s'arrêter indéfiniment si la voiture prend un coup.Pour le reste et il faut le dire d'entrée, InFamous : Second Son n'est certes pas une révolution. Le jeu reprend la même formule qu'avant en y intégrant simplement de nouveaux pouvoirs et des graphismes à pleurer de joie. Pour autant, ça reste très efficace et on se lance avec plaisir en passant d'une mission à l'autre même s'il y aura grand intérêt à s'occuper des quelques aspects annexes sur chaque territoire, tous visibles sur la map, du genre destruction d'une base de la DUT, caméra à détruire, aider (ou tuer) des passants, « espion » à trouver dans la foule, placer quelques très jolis tags (façon mini-jeu)... Une bonne occasion pour exploiter ses nombreux pouvoirs au nombre de trois (plus un dernier qu'on vous laissera découvrir même si le scénario vous mènera facilement à la réponse). On a donc droit au pouvoir de fumée, le pouvoir néon et le pouvoir électrique, sachant qu'on ne peut en utiliser qu'un à la fois vu qu'il suffit de se recharger au bon endroit (cheminée, néons de pubs, antenne...) pour changer à loisir. Chacun dispose d'une fonction de tir simple et missiles avec leurs propres équilibres de puissance, la principale différence restant les fonctions vraiment exclusives à chacun : la fumée vous permet de traverser les conduits d'aération, le pouvoir néon vous permet de courir plus rapidement et même à la verticale, tandis que le pouvoir électrique vous octroie des ailes pour planer assez loin et rajoute une fonction d'invisibilité pour prendre les ennemis à revers. On rajoute que chaque pouvoir pourra être boosté avec des cristaux (que l'on peut notamment chopper sur des drones volants), avec des capacités exclusives selon que vous optiez pour la voie du bien ou du mal. Et pour compléter le tout, une attaque ultime pour chacun, que l'on déclenchera en ayant maîtriser ou tuer plusieurs ennemis à la chaîne (et surtout sans mourir).
Le gameplay étant suffisamment carré et l'aventure nerveuse (malgré des missions de courses-poursuites un poil trop nombreuses et pas toujours intéressantes), on enchaîne donc les heures sans s'en rendre compte, au point d'arriver rapidement à la fin. Et même peut-être trop rapidement. Il nous a fallu un peu plus de quinze heures pour arriver aux crédits de fin en ayant terminer l'intégralité des quêtes annexes, ce qui pourra s'avérer un peu faible pour de l'action en open-world mais une fois de plus, le fait de pouvoir recommencer l'aventure en pouvant opter pour l'autre voie (avec donc nouvelles cinématiques et nouveaux pouvoirs) assure donc une replay-value sympa. On notera qu'il existe une quête totalement annexe mettant en scène un porteur au pouvoir assez spécial mais on ne pourra vous en dire plus car cette mission ne s'est livrée à nous que par son introduction, le reste n'étant accessible que le jour du lancement avec un patch Day-One. En bref, un petit indispensable mais on espère que le quatrième épisode ira plus loin dans les nouveautés. Par exemple, certains diront que le fait que Delsin soit incapable de nager n'est pas très important, mais pourquoi ne pas avoir dans ce cas un futur pouvoir aquatique qui offrirait une nouvelle dimension aux combats ?
Conclusion : Il aura suffit de trois mois pour que Killzone Shadow Fall lâche sa place d'ambassadeur graphique de la PlayStation 4. InFamous Second Son est bien la tuerie technique attendue, servant du coup admirablement ce troisième épisode d'une très grande efficacité mais qui aurait peut-être pu pousser les nouveautés un peu plus loin avec davantage de temps. Comme souvent en début de génération, on pardonne un peu plus facilement au point de lui donner sans détour son statut « d'indispensable » de ce mois de mars, tout en espérant que Sucker Punch se retrousse les manches pour un éventuel quatrième épisode qui avec un peu d'effort propulsera enfin la licence vers les plus grandes hauteurs. Un joli coup en tout cas, pour un titre devenant quelque part la référence du jeu de « super héros » sur consoles.
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