Jeux video: Tests : Murdered : Soul Suspect 8/20 ! xbox one

Une annonce en douce, une communication en douce, une sortie en douce. Ça sentait mauvais à l'avance pour Murdered Soul Suspect. Et l'odeur persiste.

Ronan O'Connor n'a pas de bol. Ancien truand de bas étage tatoué de part en part comme n'importe quel rebelle de la société, l'homme a abandonné sa vie passé en découvrant l'amour véritable. Beau mariage, vie de rêve... mais totalement brisée par une banale altercation qui va mal tourner et envoyer la dulcinée six pieds sous terre. Par l'envie soudaine de justice, notre « héros » si on peut encore le nommer ainsi décide de se tourner vers les forces de l'ordre et obtient un badge de détective, le menant avec le temps sur les traces d'un tueur en série qui s'amuse à buter tout un tas de demoiselles selon un rituel étrange. Et pas que des demoiselles d'ailleurs. Car après avoir fait mouche en parvenant à se retrouver face à votre proie, le tueur va faire preuve d'une force exemplaire et vous faire envoyer dégager par le fenêtre du quatrième étage avant de vous achever de quatre balles histoire d'être bien sûr. Vous êtes mort, et c'est ainsi que l'aventure démarre.

Tel le fameux Ghost Trick sorti il y a quelques années, vous jouez donc un fantôme qui ne compte pas rejoindre de suite les cieux (et sa nana en passant), préférant par la curiosité découvrir l'identité du tueur et les intentions qui se cachent derrière les multiples meurtres. C'est donc dans ce contexte qu'on arpentera la ville de Salem avec une aventure qui se déroule toujours de nuit et où on aura l'occasion de croiser de nombreux fantômes qui n'ont apparemment pas grand-chose à faire à part se plaindre de leurs situations (quand encore ils s'en rendent compte) ou embêter quelques vivants. La ville est donc le HUB central mais à l'instar de Thief du même éditeur, on ne peut pas vraiment parler d'open-world, la progression étant balisée à quelques quêtes annexes près et la ville est une sorte de labyrinthe à couloirs avec certains points d'accès vers des zones à scénario, avec le temps de chargement qui va avec.Notons d'ailleurs que les développeurs sont parvenus tant bien que mal à justifier le fait qu'un fantôme ne peut pas tout traverser. Une partie des murs dont ceux des bâtiments sont par exemple aussi durs que pendant votre vivant sous un prétexte vague que les prêtres ont béni environ 99 % des habitacles de Salem pour chasser les esprits, obligeant d'attendre une porte ou une fenêtre ouverte pour passer. Admettons. Plus intéressant en revanche, votre position de fantôme vous permet de voir des sortes de rémanences du passé, comme un bâtiment, un train ou de simples objets. Ces détails étant à considérer comme des « esprits », ils ne peuvent non plus être traversé. Bon, tout cela a évidemment surtout pour but de garantir un certain level-design et manette en main, on finit rapidement par oublier ces quelques limites pour se consacrer sur l'essentiel. Après tout, on n'a pas cherché à savoir pendant des semaines pourquoi Patrick Swayze pouvait tout traverser sauf le sol sous ses pieds...

Donc l'aventure est ultra linéaire puisqu'on va d'une zone à l'autre (en passant par le HUB à chaque fois) pour faire progresser l'enquête. Exemple simple, et qui sera de toute manière le même d'un bout à l'autre du jeu : vous arrivez dans un endroit comme une église ou un asile, vous visitez un peu pour piocher quelques éléments secondaires (renforçant le background) puis vous arrivez dans une « salle » où le héros se pose une question essentielle. Pour y répondre, il faut fouiner un peu pour découvrir tous les indices (les ramasser tous n'est pas obligatoire tant que vous avez le ou les bons) puis vous tentez de répondre à la fameuse question avec les éléments entre vos mains. Et là, c'est le drame. Car le jeu a un énorme problème, peut-être même le pire dans ce type de jeu incluant les Point&Click : ça manque énormément de logique ! Question typique pour que vous saisissiez, sans véritable spoil puisqu'il s'agit de la première situation rencontrée : « Pourquoi le tueur est-il venu dans la pièce ? » Dans vos indices trouvées, vous avez en vrac des rémanences d'une fille qui se cache, du tueur qui cherche, des traces de lutte, un bouquin occulte, des dessins étranges, un sac de voyage... Vous devez trouver les deux liens. La fille, c'est logique. Le reste, on cherche un peu et une certaine déduction voudrait qu'on choisisse le bouquin, les dessins voir le sac de voyage. Sauf que non, le second indice, c'était le tueur en train de chercher. Donc pourquoi le tueur est-il venu ici ? Parce qu'il cherche. Quelle évidence !

Ce genre de situation, on le rencontre très souvent. Problématique ? Oui et non en fait. Oui quand on plonge dans le jeu et qu'on souhaite faire les choses comme il faut. Et non car il n'y a aucune forme d'échec dans ces phases. Mais alors vraiment « aucune » ! Au point de ne pas comprendre les intentions des développeurs. Car voilà, on nous refile à chaque question une sorte de gain. Si vous répondez du premier coup, vous gagnez trois insignes. Du second coup, deux. Et pour les fois suivantes (illimitées jusqu'à ce que vous trouviez), une seule insigne. Pourquoi pas... Sauf qu'après avoir terminé le jeu, nous n'avons toujours pas trouvé l'utilité des fameuses insignes ! Il n'y a pas, genre, une fin annexe dédiée, ni de récompenses, ni de classement, ni même un succès/trophée pour aller avec. On en gagne, c'est affiché dans le menu, mais ça ne sert absolument à rien. Bref... Signalons tout de même que quelques variantes seront au programme, avec parfois des mots à affilier à une situation (avec le même problème que décrit ci-dessus) ou alors un objet à reconnaître en fonction d'un son entendu. On rajoutera à cela un dernier type de phase avec apparition de « très mauvais esprits » qui peuvent nous tuer (ou détruire notre âme, on ne sait pas trop en fait) et qu'il faudra impérativement éviter ou les attaquer de dos, avec QTE à la clé. Des séquences vite redondantes, mais peu présentes tout au long du jeu.


Bon, vous aurez compris que le constat n'est pas vraiment reluisant. Et pourtant, l'aventure se laisse parcourir dans le simple but de découvrir un scénario qui ne révolutionnera certes rien, un peu comme un téléfilm lambda qu'on regardera tranquillement sans qu'on s'en souvienne le lendemain. Et c'est peut-être ça le plus gros problème de Murdered : Soul Suspect. Le jeu n'a absolument rien d'un AAA. Sur le plan technique, le jeu est dans la moyenne basse, les personnages sont basiques, on dénote quelques bugs avec parfois une mauvaise gestion des effets sonores, le gameplay est peu travaillé (on sourit devant les phases d'infiltration) et la durée de vie loin d'être faramineuse avec pour notre part moins de huit heures de jeu avec environ 95 % des éléments secondaires récoltés, sans la moindre replay value possible (pas de fin libre en passant donc si vous avez oublié des éléments dans la dernière zone...). En somme, tout du petit jeu qui aurait pu être vendu à 20€ en dématérialisé, un tarif maximum qu'on vous conseille si vous êtes vraiment curieux.

source: Gamekyo