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Après avoir estimé que BioWare était une sorte de vache à lait pouvant pondre un blockbusters par an en maintenant la même qualité, Electronic Arts s'est totalement ravisé et a décidé de laisser au groupe prendre son temps. Et là, tout change.
En 2009 soit il y a déjà cinq longues années, BioWare parvenait à prouver qu'il était encore possible de toucher du doigt la qualité et l'ambiance d'un Baldur's Gate. Un joli coup d'essai, qui laissait présager du très lourd pour la suite du programme. Et malheureusement et la plupart le savent aujourd'hui, ce fut la grande catastrophe. Avec un temps de développement totalement réduit sous la bannière d'EA, le studio n'a pu offrir qu'un projet hautement critiquable, se permettant de ne proposer qu'une poignée de décors (la plupart en forme de couloirs) sur lesquels on revenait sans cesse, en plus de nombreuses restrictions par rapport à l'original. Totalement oubliable, et surtout hautement préjudiciable pour le troisième épisode qui a subit dès l'annonce nombre de railleries, par aidé par la concurrence de The Witcher 3 à chaque salon. En bref, les fans n'avaient plus confiance. Et ils ont eu tort.
Trois ans après Dragon Age II, BioWare revient donc sur sa saga avec tout un tas de bonnes ambitions, sans pour autant oublier les acquis voulus par les fans. Et à ce propos, sachez qu'il sera possible via une connexion au site d'Origins d'accéder à une page nommée Dragon Keep, qui va vous permettre tout simplement de pallier au fait que vous ne pouvez transférer votre sauvegarde des précédents épisodes sur consoles de nouvelle génération (cette application est évidemment disponible pour la totalité des support). Et ça marche superbement bien : soit vous synchronisez la plupart de vos exploits avec Dragon Keep (à condition évidemment de vous être enregistré sur Origins à l'époque), soit vous décidez de modeler la totalité de l'histoire à votre guise avec les mêmes choix d'importance de DA 1&2, pour ensuite voir votre partie dans Inquisition prendre en compte tout cela. Une excellente idée, surtout bien mise en avant grâce à une vrai travail sur la forme et un narrateur FR, et il ne fait aucun doute qu'on retrouvera la même chose pour le prochain Mass Effect, si tant est que BioWare souhaite maintenir quelques liens.
Reste que ce genre d'option apporte un plus non négligeable pour les nouveaux venus : les familiariser avec l'univers. Car comme pour Mass Effect, démarrer une série avec son troisième épisode peut poser quelques problèmes de compréhensions sur l'univers qui nous entoure (le codex est toujours là au cas où), à défaut de nous perdre dans le scénario principal qui reste d'une relative simplicité : alors que les mages et les templiers devaient enfin se serrer la main après les événements du précédent épisode, une gigantesque faille apparaît dans le ciel, libérant quelques bestioles et causant surtout la mort d'un paquet de personnes, dont la Divine Justinia V, à l'origine de l'accord de paix attendu par le peuple. Un seul survivant face à ce cataclysme : vous. Forcément, votre statut de miraculé ne va pas plaire à tout le monde et entre ceux qui vous considèrent comme le responsable de tout ce bordel, d'autres qui vous voient comme un élu et d'autres qui s'en foutent totalement, vous allez de toute façon devoir prendre les armes pour survivre dans ce monde, jusqu'à vous catapulter à la tête de la fameuse Inquisition.
Premier point qui fait plaisir : l'équipe ayant eu cette fois du temps pour développer son jeu, terminé l'aberrante restriction de Dragon Age II qui nous limitait à un être humain pour des prétextes bidons. On peut donc de nouveau choisir un nain ou un elfe, et même un Qunari cette fois, sachant que chaque race aura droit à son pendant homme/femme avec évidemment la possibilité de modifier les traits de son visage via un menu assez complet. On passe ensuite aux choix de classe, avec bonus et malus en fonction de notre race (les nains ne peuvent toujours pas être mage par exemple) afin d'obtenir l'historique basique de notre avatar qui comme souvent dans le monde du RPG sera totalement amnésique, lui permettant de repartir sur de bonnes bases. Passé ensuite une rapide introduction qui permet de prendre le jeu en main et un premier tour d'horizon de l'Inquisition, on passe à la première vraie zone du jeu. Et là, c'est le grand changement.Ce troisième épisode revient aux sources avec des zones libres, mais cette fois bien plus ouvertes que le passé. Et on sent d'ailleurs fortement la patte Skyrim, bijou dont les développeurs ont toujours reconnu s'inspirer, avec notamment cette formule hautement chronophage : lors d'une quête même annexe qui vous mènera d'un point A à un point B, il y a un fort potentiel de chances que le joueur se détourne de sa route pour ouvrir l'accès à d'autres quêtes annexes, qui elles-mêmes vous mèneront facilement à d'autres quêtes. En bref, il y a énormément de choses à faire même si l'on reste très loin de la prestance du dernier Elder Scrolls, en terme de volume et même dans la qualité des quêtes secondaires. Car si l'on devait résumer simplement les choses, Dragon Age Inquisition offre une approche très « MMO solo » avec une tonne de choses simplistes à faire (zones à découvrir, campement à dresser à tel ou tel endroit...) et une brouette de quêtes fedex demandant notamment d'aller buter un groupe d'ennemis, sauver quelqu'un ou aller ramasser des objets. On dira que c'est ici le genre qui veut ça et malgré toute l'ironie qui ressort d'un groupe de héros qui va perdre une heure à aller chercher le bouquin d'un mec alors que le monde bascule vers les ténèbres, les fans du genre accrocheront et on n'aura aucun mal à être happé pendant des plombes sans pour autant avancer d'une miette dans la quête principale. Quelle dommage que la map sur le HUD soit aussi mal foutue, obligeant sans cesse à visualiser l'ensemble (heureusement avec une touche de raccourcie) avant de partir dans une direction.
Au cœur d'une longue aventure (environ une quarantaine d'heures en difficulté normale, une centaine pour le 100 %), on aura comme à chaque fois avec BioWare l'occasion de se constituer un petit groupe au gré des rencontres. Moins marquant que pour le premier opus, le casting reste suffisamment varié pour plaire au plus grand nombre et les fans apprécieront toujours le retour de têtes connues (dont Varric) avec qui vous pourrez de nouveau vous lier d'amitié, et plus si grandes affinités. L'inverse est également valable et le jeu étant parsemé de choix, les développeurs ont pris soin de vous proposer des situations où une voie pourra vous faire perdre un allier. La grande différence cette fois est que vous saurez à l'avance quels seront les risques à opter pour telle ou telle décision, un point qui divisera peut-être, et choquera les puristes du role playing game qui préfère encore terminer le jeu après un drame, quitte à recommencer l'aventure ensuite, plutôt que de revenir à la dernière sauvegarde pour changer de position. Quant au reste, l'essentiel est fourni : une mise en scène dans la moyenne haute des jeux du genre, et sans cesse améliorer dans les produits du studio, quelques bons rebondissements et plusieurs dizaines de fins, en comptant évidemment les variantes.
Pour chaque voyage, l'on pourra être accompagné de trois acolytes et on prendra d'ailleurs soin de sélectionner une équipe variée, déjà parce qu'un groupe de quatre bourrins vous bloquera accès à certaines zones (il faut un mage pour ouvrir les barrières magiques et un voleur pour crocheter les serrures), mais également parce que certaines situations se prêtent bien mieux à certaines classes, du moins en fonction de la difficulté sélectionnée. Car comme les autres épisodes de la série, tout le feeling peut changer selon vos goûts : les modes facile et normal sont l'équivalent en somme d'un hack'n slash en moins nerveux, idéal pour un public qui ne souhaite pas trop de prendre la tête en matière de stratégie avec quelques rares pics, dont ceux situés dans certaines zones histoire de vous dire que ce n'est pas encore le moment d'aller là-bas. En revanche, dès que l'on rehausse la difficulté, le challenge arrive en trombe et il faut alors exploiter au mieux les capacités de chacun des personnages de notre team. Malheureusement, alors que sur PC, le manque d'options (caméra, raccourcis...) était déjà un problème qui empêchait de retrouver les sensations du premier, on sent que le gameplay à coup de « pause active » n'est toujours pas fait pour les consoles et on finit surtout par s'emmêler les pinceaux à tenter d'élaborer un tactique bâtarde qui sera plus frustrante qu'autre chose en cas d'échec. Deux univers en gros.
C'est d'ailleurs là que la difficulté prend son sens puisqu'en fonction des modes, le jeu sera susceptible de plaire à tel ou tel public (en gros ceux qui souhaitent s'investir longuement ou non) mais même en normal, on ne tombe jamais dans le bourrinage aveugle. Certes, on n'a aucun mal à monter au front mais on prendra tout de même garde à certains types d'adversaires (qu'il faudra impérativement frapper à revers) et surtout gérer impérativement son lot de potions, dont la puissance augmentera avec le temps à coup de farm, mais dont le stock restera constamment limité avec le besoin de prendre en compte deux points : non, la vie n'augmente pas toute seule hors combat et non, il n'y a plus de sorts de soins pour vous permettre d'économiser un peu. Heureusement, un retour rapide au dernier camp vous permet de refaire le plein pour pas un rond, mais pas de quoi vous sauver la mise en plein donjon, et encore moins en plein combat avec désactivation de la téléportation rapide et obligation de relever soi-même les alliés non sans rester immobile quelques secondes (très risqués face à une horde de mages).On pourra même dire la même chose concernant l'évolution de nos personnages. Hormis l'obligation de s'occuper des différents arbres de notre héros les niveaux avançant, chacun aura le choix de s'occuper ou non des autres. Les moins patients jouant en facile ou normal auront donc tout loisir de placer les points alliés automatiquement, quand les autres s'attarderont en détails sur chacun pour dresser une team réellement efficace (en rappelant que tous les personnages sont jouables). A ce propos, et contrairement là encore à Dragon Age II, on peut de nouveau s'occuper de l'équipement de nos compagnons, des armes aux pièces d'armure. Mine de rien, ce retour change beaucoup de choses dans nos phases de préparation, désormais plus longues surtout que l'on peut passer à la forge pour améliorer le tout en fonction de ce qu'on a looté. Dommage que les menus soient un peu bordéliques, qu'il soit impossible de trier notre matos (chiant) même si heureusement, l'on peut placer rapidement n'importe quel objet dans un stock annexe destiné à la vente pour éviter de passer trop de temps au marchand.
Pour revenir à l'exploration, sachez que fouiner permettra d'obtenir des récompenses autre que le simple combo équipement/xp/or. En effet, une bonne partie des actions menées permettront de débloquer des points d'influence, à dépenser dans l'Inquisition auprès de divers groupes pour améliorer sa base et surtout pousser un peu plus certaines de nos compétences absentes de l'arbre des talents (comme améliorer la fonction de crochetage). En second lieu, les points de puissance (qui s'obtiennent de la même façon mais à rythme plus régulier) permettront de réparer certaines choses et d'envoyer vadrouiller des éclaireurs à d'autres endroits pour ainsi débloquer l'accès à de nouvelles missions plus intéressantes qu'à l'accoutume. De quoi motiver à fouiner un maximum pour ne rien rater.
Reste deux points à évoquer avec en premier lieu le rendu graphique. De ce coté, la transition vers la nouvelle génération (et le moteur de DICE qui va avec) fait grand bien à la licence, le jeu n'ayant plus le moindre rapport avec les deux précédents épisodes. Ironiquement, si le titre fait clairement le taf sur tous les aspects, difficile de notre coté de parler d'une claque graphique. Peut-être parce que ça manque d'effets (hors combats), peut-être parce que la patte esthétique manque un peu de folie... On va dire que c'est une question de goût mais il est clair que BioWare a bossé suffisamment son produit hormis un frame-rate susceptible de toussoter un peu dans certains passages et quelques bugs heureusement rares.
On terminera par le multi, assez rapidement vu qu'il y a assez peu à dire en fait. Apparemment, cela a nécessité deux ans de travail à BioWare et on cherche encore pourquoi : trois niveaux découpés à chaque fois en cinq zones, et quatre personnages qui partent tout déboîter. La progression reste relativement identique au solo (classes, xp, compétences, armes et amures) et une haute difficulté nécessitera évidemment une bonne coopération entre chaque joueur mais on a un peu de mal à voir l'intérêt sur le long terme hormis le simple plaisir d'augmenter chacune des classes entre potes en refaisant les mêmes stages en boucle (avec tout de même quelques petits changements). Un bonus on va dire sympathique en fin de soirée, mais il aurait peut-être été plus judicieux de faire comme pour Mass Effect 3, à savoir le relier au solo pour débloquer quelques trucs en campagne afin de motiver le joueur lambda qui n'aura même pas le moindre succès/trophée comme carotte.
Conclusion : Considéré comme détruite il y a encore trois ans, la licence Dragon Age revient d'entre les morts avec un troisième épisode enfin digne de BioWare. Certes, les fans de la première heure pourront reprocher un aspect tactique un peu plus en retrait mais en contrepartie, on a le droit à une foule de nouveautés qui sur la forme lorgne chez la concurrence (Elder Scrolls notamment) mais qui sur le fond apportent suffisamment de différences pour permettre à la série de se placer à nouveau parmi les ténors du RPG. Dragon Age II est définitivement oublié, et ne reste plus qu'à découvrir le prochain Mass Effect qui on l'imagine reposera sur ces nouveaux acquis.
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