Exposition "Trésors du Moyen Age" au Scriptorial
Les trésors du Moyen Âge du musée de Cluny se dévoilent au Scriptorial d’Avranches !
À la faveur de travaux et d’une refonte de sa muséographie, le musée de Cluny fait voyager une partie de ses collections. Avec l’exposition « Trésors du Moyen Âge. Les collections du musée de Cluny en voyage » du 29 avril au 20 août 2017, le Scriptorial d’Avranches a le privilège d’être le seul établissement du grand ouest à présenter au public cet ensemble unique de sculptures médiévales.
Afin de valoriser les collections du musée d’Avranches, Julie Romain (directrice du service des musées et du patrimoine de la Ville d’Avranches) indique que « le prêt exceptionnel d’œuvres du musée national du Moyen Âge est l’occasion de faire entrer en résonance ses chefs-d’œuvre avec ceux du musée d’Avranches, notamment un ensemble de manuscrits provenant de l’abbaye du Mont Saint-Michel ». L’exposition raconte les transformations connues par la production artistique de la fin du Moyen Âge, période où les représentations sacrées et profanes deviennent plus humaines et réalistes. Têtes de gisant et Vierges de tendresse dialoguent avec les pages enluminées de manuscrits de la fin de la période gothique.
« La fin du Moyen Âge est une période intéressante sur le plan de la création artistique, marquée par la personnalisation et l’humanisation progressive des productions qui annoncent déjà les siècles suivants » précise Julie Romain.
S’affranchissant des représentations un peu figées, les sculpteurs s’engagent dans une quête de réalisme. La force, la quiétude, la tendresse sont autant d’émotions nouvellement sculptées dans la pierre. C’est aussi le temps d’une prouesse technique nouvelle où le sculpteur joue avec la matière pour créer des effets d’ombre et de lumière !
Au-delà de la qualité des pièces exposées, le parcours de l’exposition a été pensé pour être accessible à tous. Organisé en trois axes (l’art funéraire, le manuscrit et la sculpture de dévotion), il donne des clés de lecture des œuvres à tous les visiteurs, petits et grands.
De nombreuses animations viendront enrichir cette exposition et permettront aux visiteurs de découvrir les Trésors du Moyen Âge autrement. Visites guidées, espaces dédiés aux enfants, concerts de musique médiévale ou ateliers d’initiation à la pratique artistique rythmeront les quatre mois que durera l’exposition.
Avec la collaboration exceptionnelle du musée de Cluny – musée national du Moyen Âge.
Exposition organisée par les Villes de Compiègne, Saint-Omer, Avranches et la Communauté d’Agglomération de La Porte du Hainaut.
Une période sombre mais créative
De la fin du XIIIe siècle jusqu’au début du XVe siècle, le Royaume de France ainsi que toute l’Europe connaît une période difficile marquée par les guerres (dont la guerre de Cent Ans 1337-1453), les famines et les épidémies de peste (1347-1352). Malgré ce contexte mortifère, ce fut aussi une période de mutation dans l’histoire de l’art, à la fois riche et novatrice.
Émancipation de la sculpture
Durant les siècles précédents, la sculpture servait la réalisation d’un décor pour des programmes architecturaux importants, comme la construction d’une église ou d’une cathédrale. On parle alors de « sculpture monumentale », notamment visible sur les portails et sur les façades. À partir du XIVe siècle, le contexte politique difficile n’est pas propice au lancement de grands chantiers. Un autre type de sculpture va proliférer ; une sculpture indépendante du monument qui investit les différents espaces de l’église (sculptures mobilières et funéraires, sculptures d’autel et statues de dévotion). D’un point de vue technique, on privilégie désormais la sculpture taillée sur toutes les faces (dite « rondebosse ») à la sculpture travaillée en relief à partir d’un fond. Le décor des églises devient ainsi l’objet de toutes les attentions d’autant qu’il correspond mieux à l’esprit plus raffiné de l’époque.
Un mécénat laïc prédominant
C’est à cette période que le mécénat laïc supplante progressivement le mécénat religieux. Les commandes les plus innovantes émanent désormais des familles royales et princières, donnant naissance à un véritable art de cour. La définition d’un style dominant va influencer toute la production artistique de l’Europe. Celle-ci est facilitée par la circulation des artistes et des carnets de modèles
Un art plus sensible et plus réaliste
Sous l’influence de ces nouveaux commanditaires, l’art devient plus attentif à la réalité. Les positions figées et les représentations indéterminées sont progressivement délaissées au profit d’une expression plus fidèle, plus soucieuse de réalisme. La représentation de la figure humaine devient plus individualisée, annonçant la renaissance du portrait qui avait été abandonné depuis l’Antiquité. Les figures gagnent en naturel, dans le rendu des drapés, des gestes et des expressions, plus variés et plus nuancés
Le goût du précieux et du naturel
La sculpture en pierre, peinte de couleurs saturées, ne correspond plus au goût de l’époque. La préférence est donnée à des matériaux précieux : le marbre, l’albâtre et l’ivoire. Simplement rehaussés de dorure, ils ont un aspect délicat et précieux qui plaît aux riches commanditaires. Le goût du matériau naturel atteint un point ultime dans la sculpture funéraire, où le gisant de marbre blanc repose sur une dalle de marbre noir. On le retrouve aussi dans les manuscrits, quand le parchemin est laissé en réserve. Le succès fut important auprès de la clientèle de la cour et cette tendance s’impose jusqu’à la fin du Moyen Âge.
Un parcours d’exposition en trois temps
L’exposition raconte les évolutions de la création artistique de la fin du Moyen Âge en trois temps : l’art funéraire, le livre manuscrit, et la sculpture de dévotion
L’image du défunt
La première salle présente un ensemble de sculptures en marbre provenant des collections du musée de Cluny. Elle est consacrée aux évolutions connues par l’art funéraire à la fin du Moyen Âge. Depuis qu’ils ensevelissent leurs morts, les hommes ont cherché à signaler le lieu de la sépulture.
À la fin du Moyen Âge, cette pratique s’attache à des productions monumentales, témoignant de la personnalité du défunt. Les tombeaux royaux ou princiers sont composés d’un gisant posé sur une dalle surélevée et décorée, souvent d’un cortège de pleurants. Véritable mise en scène de la mort, la sculpture funéraire connaît un développement extraordinaire.
Le livre manuscrit
L’étude des enluminures est essentielle pour comprendre l’histoire des arts de la période gothique. La deuxième salle est consacrée au livre manuscrit et présente douze manuscrits issus des collections de la ville d’Avranches.
La sélection s’étend du XIIIe au XVe siècle, présentée dans l’ordre chronologique, pour mieux montrer l’évolution du livre manuscrit et de l’enluminure à cette période. Un espace de médiation permet au jeune public de reconstituer une page de manuscrit et de créer une page de livre d’heures.
Sculptures de dévotion
La troisième et dernière salle de l’exposition est consacrée aux sculptures de dévotion, dont la production s’accroît considérablement à partir du XIVe siècle. Celles-ci sont destinées à la décoration intérieure des églises. Retables en marbre et albâtres anglais viennent révolutionner l’ornementation des autels. Bien qu’elles soient toujours d’inspiration religieuse, les œuvres sont traitées de manière différente.
Elles insistent désormais sur le caractère humain des personnages sacrés. S’écartant du modèle hiératique des Vierges romanes, les sculpteurs privilégient désormais la représentation des Vierges de tendresse, insistant sur la relation entre une mère et son enfant.
L’espace de médiation fournit ici quelques éléments techniques pour mieux appréhender la sculpture sur pierre et permet de tester une autre technique de sculpture : le modelage
Deux chiens
Élément de gisant France, XIVe siècle Marbre Paris, musée de Cluny – musée national du Moyen Âge Cl.19301
À partir du XIIIe siècle, les monuments funéraires comportent couramment des figures animalières. Les figures les plus courantes sont le lion et le chien. Le lion est un symbole de force et de courage mais aussi du Christ. Il accompagne roi et chevaliers. Le chien symbolise la fidélité et accompagne les gisants féminins. Beaucoup de ces sculptures ont été détachées de leurs tombeaux pour en faire au XIXe siècle des objets de décoration ou de collection, par goût de l’époque pour les représentations animalières
Professeur enseignant
Figure d’applique d’un tombeau Bologne (Italie), vers 1340 Marbre blanc, traces de polychromie Paris, musée de Cluny – musée national du Moyen Âge Achat, 1882 Cl.11115
Le personnage représenté est un professeur : il est assis dans une chaire d’enseignement, porte le bonnet, tient un livre à la main. Le caractère impressionnant du personnage est dû à sa frontalité, à la forme simplifiée de son visage, et l’impact du regard aux pupilles creusées soulignées de bleu. L’attention portée à des détails réalistes (plis du vêtement) ou décoratifs (feuilles d’acanthe sur la chaire) est caractéristique des années 1340. On conserve nombre de tombeaux d’enseignants, notamment de droit, réalisés à Bologne (Italie) au XIVe siècle.
L’université de Bologne est la première université fondée en 1088 ; c’est une institution puissante, renommée dans l’Europe entière. Les professeurs y bénéficiaient d’un statut moral et social exceptionnel, au point de faire réaliser des monuments funéraires dignes des plus grands seigneurs et prélats de la même époque. Sur ces tombeaux, c’est l’activité d’enseignement qui est célébrée : c’est pourquoi on voit souvent le professeur dans sa chaire en position centrale et entouré de ses élèves.
Évangiles de Matthieu et de Marc avec glose Paris, atelier de Gautier Lebaude, vers 1240-1250
Provenance : abbaye du Mont Saint-Michel Avranches, bibliothèque patrimoniale Ms 24, f.1v-2r
Ce manuscrit a été produit à Paris par l’atelier de Gautier Lebaude, dont l'activité est attestée autour de 1240. Le début de l’Évangile de saint Matthieu (f. 2r) est mis en valeur par une belle initiale L figurant l’Arbre de Jessé, thème fréquent dans l’enluminure gothique du début du XIIIe siècle. Malgré la tendance à standardiser leur production, les artistes montrent encore ici une certaine originalité en introduisant par exemple le motif du lapin au sommet de la lettre historiée. L’usage du fond d’or est une tendance qui se généralise et qui caractérise les ouvrages enluminés à partir du début du XIIIe siècle (ce procédé était encore rare au siècle précédent).
Jean de Hesdin, Commentaires des épîtres de saint Paul et Explications sur saint Marc Paris, 1391
Provenance : abbaye du Mont Saint-Michel Avranches, bibliothèque patrimoniale Ms 33, f.80r
L’abbé du Mont Saint-Michel Pierre Le Roy (1386-1410) fit réaliser cette belle copie d’une œuvre de Jean de Hesdin (1320-1412), maître de théologie renommé à la Sorbonne, et en fit don à la bibliothèque de son monastère pour l’usage de tous les moines. Ce sont sans doute les qualités de calligraphe de Jean Cachelart, bachelier, qui incitèrent Pierre Le Roy, maître en décret et en droit canon à la faculté de Paris, à employer son élève comme copiste. Il collabore ici avec un artiste talentueux qui a réalisé des décorations marginales composées de feuillages et d’un dragon, typiques du XIVe siècle.
Livre d’heures à l’usage d’Avranches Normandie, vers 1460-1480 Avranches, musée d’Art et d’Histoire 94.1.1, f.126v-127r
À partir du XIVe siècle, le développement d’une dévotion privée entraîne l’apparition d’un nouveau livre, le livre d’heures. Son large essor au sein de la population a permis l'émergence d'une pratique plus intime de la religion. Adapté à chaque diocèse, cet ouvrage se prête également une personnalisation propre à chaque commanditaire et une certaine liberté dans les choix iconographiques. Les enluminures y sont déployées en pleine page et souvent agrémentées d’un décor souvent fantaisiste.
Assomption de la Vierge Angleterre, XVe siècle Albâtre Paris, collection Anthony JP Meyer Ancienne collection Bergevin !
L’exposition présente une occasion unique de découvrir cet albâtre typique de la production anglaise du XVe siècle. Aujourd’hui conservée dans une collection parisienne, cet albâtre anglais a longtemps séjourné à Avranches puisqu’il a successivement appartenu à Albert Émile Bergevin, antiquaire, puis à son fils, le peintre Albert Bergevin
Vierge allaitant l’Enfant Île-de-France, entre 1324 et 1343 Marbre Muneville-le-Bingard, église Saint-Pierre Classé Monument Historique (1926)
Appartenant à la commune de Muneville-le-Bingard, cette statue d’origine royale est l’une des très rares sculptures en marbre importées des ateliers d’Île-deFrance et conservées à l’ouest de la Normandie. Elle est prêtée de manière exceptionnelle au musée d’Avranches.
Découvrez les Trésors du Moyen Âge autrement
Dans le parcours, trois espaces de médiation sont dédiés aux enfants pour une approche ludique et pédagogique des œuvres présentées. De nombreuses visites guidées sont proposées tout au long de l’été pour découvrir l’exposition accompagné par une médiatrice.
Pour les familles
Trois espaces de médiation dans l’exposition
Pour les groupes enfants et adultes
Renseignements auprès d’Anne Tenhaef, responsable du service des publics : anne.tenhaef@avranches.fr ou 02.33.79.57.01.
Publication
Le catalogue de l’exposition est en vente à la librairie-boutique du Scriptorial (6 €) .
Visites guidées Inclus dans le prix du billet, durée : 1h15.
(Places limitées. Réservation conseillée au 02 33 79 57 00)
Juin Juillet Août
7 et 28 juin à 16h
5, 12, 19 et 26 juillet à 16h
2, 9 et 16 août à 16h
18 juin à 11h
9, 16, 23 et 30 juillet à 11h
6 et 20 août à 11h
Assistez aux concerts de musique médiévale
La musique médiévale est également mise à l’honneur dans le cadre de la programmation culturelle avec trois concerts prévus au Scriptorial (places limitées, réservation au 02 33 79 57 00).
Miracle du mont saint-michel Ensemble « Le Lion vert »
Dimanche 14 mai, 11h et 16h 1h15 3€
Chanteurs, instrumentistes, comédien sont réunis autour du plaisir de partager la richesse du répertoire médiéval et d’en restituer sa qualité première : la diversité. Au centre du spectacle est le Roman du Mont Saint Michel, texte de Guillaume de Saint-Pair. Son roman relate un certain nombre de miracles attribués à l'Archange
Balade chantée Groupe vocal Karitas
Mercredi 21 juin, 14h30 et 16h30
1h et Gratuit
Lors d’une balade dans le parcours permanent et temporaire l’ensemble va faire résonner le Scriptorial sous différents angles. Venez découvrir le Groupe vocal Karitas ainsi que le Scriptorial plongé dans la musique médiévale, profane et sacrée.
ultréïa Musiciens et chœur d’enfants
Dimanche 2 juillet, 17h 50 minutes Gratuit
Laissez-vous emporter par cette troupe d’enfants intrépides et complètement craquants, qui évoluent avec bonheur, dans un répertoire médiéval allant du XIIe au XVe siècle, passant joyeusement de l’instrument au chant, et de la comédie à la danse !
Entrez dans la peau d’un artiste du Moyen Âge
La pratique artistique fait elle aussi partie des temps forts autour de l’exposition. Grâce à des ateliers d’initiation à la taille de pierre et aux démonstrations de calligraphie et d’enluminure, apprenez les gestes des artistes du Moyen Âge
Atelier d’initiation à la taille de pierre Animé par Pierre Le Renard et Alain Mainhagu
Samedi 20 et dimanche 21 mai
Samedi 24 et dimanche 25 juin 8,50€ la journée 4,50€ la demi-journée
Repartez avec votre pierre taillée !
Les enfants accompagnés d’un adulte sont les bienvenus.
Places limitées, réservation au 02 33 79 57 00
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