ALAIN DAMASIO | LES FURTIFS
Les Furtifs, le grand roman d’Alain Damasio, revient 15 ans après La Horde du Contrevent. Ils sont là parmi nous, jamais où tu regardes, à circuler dans les angles morts de la vision humaine. On les appelle les furtifs.
Des fantômes ? Plutôt l’exact inverse : des êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet aussi bien pierre, déchet, animal ou plante pour alimenter leurs métamorphoses incessantes. Lorca Varèse, sociologue pour communes autogérées, et sa femme Sahar, proferrante dans la rue pour les enfants que l’éducation nationale, en faillite, a abandonnés, ont vu leur couple brisé par la disparition de leur fille unique de quatre ans, Tishka – volatilisée un matin, inexplicablement.
Sahar ne parvient pas à faire son deuil alors que Lorca, convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, intègre une unité clandestine de l’armée chargée de chasser ces animaux extraordinaires.
Là, il va découvrir que ceux-ci naissent d’une mélodie fondamentale, le frisson, et ne peuvent être vus sans être aussitôt pétrifiés. Peu à peu il apprendra à apprivoiser leur puissance de vie et, ainsi, à la faire sienne.
Les Furtifs vous plonge dans un futur proche et fluide où le techno-cocon a affiné ses prises sur nos existences.
Comme toujours, Alain Damasio ne se contente pas de forger une dystopie subtile et glaçante.
Il lui offre un contrepoint puissant et original dans la figure incarnée des furtifs, où les mouvements insurrectionnels qui traversent le roman vont trouver à la fois un modèle et une pratique, inaugurant des ZAG (zone autogouvernée) qui annoncent le dépassement possible de l’anthropocène.
Alain Damasio, Les Furtifs, éditions La Volte 704 pages, 25 euros, parution le 18 avril 2019
Commenter cet article