Internet ressemble de plus en plus à une vaste benne où l’on dépose nos espoirs déçus. Pourtant, ces mêmes technologies continuent à passer pour nécessaires et inévitables, habillées en fictions dont on connaît trop bien le refrain : Progrès, Innovation, Croissance. Face au désenchantement, une nouvelle injonction a vu le jour.
Pour contrer la superpuissance des GAFAM, boucs émissaires désignés pour tous nos malheurs, il s’agirait de « refaire de la politique » afin de concevoir de nouvelles trajectoires technologiques, plus propres, conviviales, démocratiques et égalitaires.
L’appel est séduisant, mais il n’est pas suivi d’effet. Et si on se trompait de diagnostic ? Et si les technologies et les politiques qui leur sont liées nourrissaient un seul et même dessein, celui de nous priver de notre capacité d’agir en tant qu’animaux politiques ? Ce livre propose de se défaire des discours convenus et aborde les techniques comme un vivier de technologies de pouvoir qui, sous couvert d’un discours d’émancipation, ont une visée très précise : gouverner efficacement les hommes dans des sociétés qui placent les libertés et droits individuels au-dessus de tout.
Pour consolider un pouvoir qu’ils ne veulent pas lâcher, les classes qui occupent les lieux de pouvoirs n’hésitent pas à passer une alliance singulière qui fait du technopouvoir non seulement une arme de contrôle mais d’un façonnement de notre monde. Un façonnement délétère, autoritaire et invisible qui n’a d’autre but que d’annihiler toute possibilité de critique et de contestations.
Le présent ouvrage est d’utilité publique : en retraçant la généalogie et les mutations récentes du technopouvoir, il s’agit de déconstruire la chambre d’armes d’où nous sommes gouvernés.
Car ce n’est qu’en ayant une parfaite connaissance et conscience de ses stratégies que nous pouvons élaborer les tactiques de résistance et de riposte. Alors, face à un art de la guerre en temps de paix, nous pourrons retrouver une puissance d’agir sur la marche de nos sociétés, notre environnement et notre horizon.
Alors, nous pourrons retrouver l’essence de nos démocraties et refaire véritablement de la politique.
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