3ème édition du Prix Liberté : Sonita Alizadeh, Agnes Chow, Omar Radi nominés par le jury
Du 10 au 13 février 2021, un jury international s’est réuni en visioconférence pour étudier les 370 propositions candidates au Prix Liberté et retenir trois personnes ou organisations engagées pour leur combat pour la Liberté. Présidé par Nadia Khiari, dessinatrice tunisienne, connue pour son personnage Willis from Tunis, le jury a révélé, ce samedi 13 février, le nom des trois finalistes de la troisième édition du Prix Liberté. Il s’agit de : Sonita Alizadeh, Agnes Chow et Omar Radi. Sous le patronage d’Hervé Morin, Président de la Région Normandie, de Bertrand Deniaud, Vice-Président de la Région Normandie chargé des lycées et de l’éducation, d’Alain Tourret, Président de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, Député du Calvados, le jury est composé de 30 jeunes de 15 à 25 ans de 17 nationalités.
Crédits (c) Région Normandie
Les trois finalistes : Sonita Alizadeh (Afghanistan), Agnes Chow (Hong Kong), Omar Radi (Maroc) Sonita Alizadeh 25 ans - Afghanistan Sonita Alizadeh est une rappeuse née en Afghanistan sous le régime taliban qu’elle a fui pour se réfugier en Iran, à Téhéran. "Mon enfance, c'était celle de tous les Afghans, remplie par la guerre, la pauvreté, la peur de perdre un proche. Nous avons quitté l'Afghanistan parce que ma famille avait peur de la guerre, des Talibans. Nous avons fui pour l'Iran, pour notre survie." Enfant, elle a réussi à échapper par deux fois au mariage précoce arrangé par sa famille. A Téhéran, elle est prise en charge par une ONG pour lui donner accès à l’éducation et à un travail de femme de ménage qui lui permet de payer ses fournitures scolaires. “Un jour où j'étais en train de nettoyer le sol, j'ai entendu Eminem, je ne savais pas qui c'était... Il était tellement en colère et je me suis sentie tellement connectée à lui. Et c'est là que j'ai décidé de rapper.” Dans sa chanson “Filles à vendre”, Sonita Alizadeh raconte son histoire pour protester contre les mariages des enfants. En Afghanistan, le clip de Sonita engrange les vues sur Youtube. Un véritable phénomène. Elle devient le visage de ces enfants que l'on vend. Grâce à de nombreux soutiens, Sonita Alizadeh étudie aujourd’hui les sciences politiques aux Etats-Unis et ambitionne de travailler dans les institutions internationales pour y continuer son plaidoyer pour l'enfance. “J'ai parlé dans le monde entier devant des décideurs et des dirigeants pour rappeler qu'il faut que les filles aillent à l'école, à la fac pour avoir confiance en elles, pour être capable de devenir qui elles veulent être.” Candidature proposée par des élèves du Lycée Nelson Mandela de Nantes, du Lycée Augustin Fresnel et du Lycée Charles de Gaulle de Caen.
Agnes Chow 24 ans - Hong Kong Agnes Chow, 24 ans, est l’une des figures de proue du mouvement pour la démocratie à Hong Kong, territoire sous tutelle chinoise depuis 1997. Elle rejoint le mouvement étudiant Scholarism à 15 ans et en devient la porte-parole aux côtés de Joshua Wong. Ce mouvement milite notamment contre l'introduction de cours d'éducation morale et nationale à l'école. La réforme est enterrée face à l’ampleur de la mobilisation. A 17 ans, elle s’engage dans « la révolte des parapluies » qui réclame le suffrage universel à Hong Kong. En 2016, elle participe à la création du parti politique Demosistō et se présente deux ans plus tard pour être élue députée avant que Pékin n’invalide sa candidature. En 2020, elle participe activement aux manifestations en faveur de la démocratie à Hong Kong avant d’être arrêtée et condamnée à 10 mois de prison au nom de la loi sur la sécurité nationale. Candidature proposée par des élèves du Lycée Alain Chartier de Bayeux, du Lycée Charles de Gaulle de Caen, des jeunes de Nantes et des jeunes volontaires en mission de service civique à Unis-Cité Normandie (Rouen).
Omar Radi 34 ans - Maroc Né en 1986 à Kénitra au Maroc, Omar Radi est un journaliste d'investigation marocain. Il a écrit plusieurs enquêtes remarquées sur l'injustice sociale au Maroc, l’économie de rente, la spoliation des terres. Il a aussi révélé une vaste affaire de corruption impliquant des ministres et des conseillers du roi. Ces articles dérangent et ont fait réagir jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Omar Radi a été condamné à 4 mois de prison avec sursis pour “outrage à magistrat” suite à la publication du tweet suivant : « Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité ». Placé en détention préventive en juillet 2020, il est poursuivi pour "financements étrangers", "atteinte à la sécurité intérieure de l'État" et "viol". Ces proches et de nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme ont fermement condamné ces accusations, considérant qu’il s’agit d’une manipulation flagrante du système judiciaire pour réduire un journaliste critique au silence.
Candidature proposée par des jeunes de Saint-Mammès en Seine-et-Marne.
«Les délibérations du jury du Prix Liberté 2021, proposé par la Région Normandie et mis en œuvre avec l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, en partenariat avec les Autorités Académiques de Normandie et le réseau Canopé, ont désigné trois finalistes parmi plus de 250 dossiers de candidature : Agnes Chow, militante pour le droit à la démocratie et à l’indépendance politique de Hongkong (qui purge une peine de prison actuellement) ; Omar Radi, journaliste d’investigation marocain et militant des droits humains (en prison également) ; Sonita Alizadeh, rappeuse et militante afghane qui lutte, à travers son art, contre le mariage forcé des jeunes filles. En présidant ce jury composé de 30 jeunes de 15 à 25 ans en France et dans le monde entier, j’ai été très heureuse de partager ces moments d’échange, de débat et de réflexion. Leur investissement sincère et leur engagement m’ont émue et donné espoir pour l’avenir. J’espère que ce prix permettra non seulement de mettre en lumière la lutte de ces personnes mais aussi de provoquer l’envie chez des jeunes du monde entier de s’engager et de perpétuer ce combat. Vive la liberté !" déclare Nadia Khiari, Willis from Tunis, Présidente du Jury Prix Liberté 2021, à l’issue des travaux. « La récente libération de Loujain AlHathoul, activiste saoudienne pour les droits des femmes dans son pays, après 1001 jours de détention, est un signe d’espoir face aux situations qui semblent trop souvent inextricables. En invitant des jeunes du monde entier à élire chaque année une personnalité qui se sera engagée de façon exceptionnelle pour cet idéal, le Prix Liberté entend relayer ce message au-delà des frontières. Je souhaite ardemment que la libération de Loujain les encourage davantage encore à soutenir les personnes privées de ce droit fondamental » indique Hervé Morin. « Vous venez du monde entier, vous participez à cette belle thématique de la liberté. Nous sommes toujours impressionnés par la maturité dont vous faites preuve. Merci de votre engagement. On aura tous naturellement une pensée pour Loujain, libérée le jour où vous avez commencé vos travaux. Elle avait remporté le prix l’an dernier. Vous avez un rôle important à jouer » déclare Bertrand Deniaud en s’adressant aux jeunes. Les 17 pays représentés dans le jury international sont : l’Allemagne, l’Espagne, la France, le Nicaragua, la Côte d'Ivoire, le Maroc, l’Italie, le Canada, les Pays-Bas, l’Argentine, l’Inde, les Etats-Unis, la Pologne, l’Ukraine, le Niger, le Mexique et la Jordanie. Lors de la prochaine étape, du 15 mars au 25 avril 2021, trois propositions retenues par le jury seront soumises au vote en ligne des jeunes du monde entier. Le troisième Prix Liberté sera remis le 3 juin 2021 à l’Abbaye-aux-Dames à Caen dans le cadre du Forum mondial Normandie pour la Paix. Pour cette troisième édition, l’appel à propositions "Notre Prix Liberté 2021" a connu un réel engouement de la part des 15-25 ans : 1 400 jeunes dans le monde ont adressé 370 propositions cette année contre 238 l’an dernier dont 50 de jeunes internationaux contre 13 en 2020. Les jeunes ont remis le Prix Liberté en 2019 à la jeune militante suédoise Greta Thunberg pour son combat en faveur de la justice climatique. En 2020, le Prix Liberté fut attribué à Loujain AlHathloul, libérée le 10 février 2021 après 1 001 jours de détention en Arabie Saoudite, pour son combat en faveur des droits des femmes dans son pays. Manifestation originale en faveur de la Liberté dans le monde, créée en 2019 par la Région Normandie en partenariat avec l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix, les autorités académiques de Normandie et le réseau Canopé, le Prix Liberté met à l’honneur une personne ou une organisation engagée dans la défense des libertés dans le monde.
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