Jeux video: Test de : Sniper Elite 3 sur #PS4 et xbox one > 14/20

Comme tous les ans, le début d'un été se traduit par une famine passagère au niveaux des sorties. Sniper Elite III en profite pour se poser tranquillement afin d'éviter toutes concurrences à venir, mais pas sûr que cela suffise à rameuter les foules.


La précipitation, ce n'est jamais bon. Certes, le deuxième épisode de la série Sniper Elite a déjà deux ans, ce qui n'est pas mal au regard de certains licences qui sont aujourd'hui carrément annualisées, mais même cette période peut s'avérer insuffisante pour une petite équipe. Et Rebellion, ce n'est pas non plus 300 employés et certains problèmes vont vite se ressentir dans Sniper Elite III, un projet qui aura bien du mal à viser dans le mille même dans un secteur totalement sous-exploité. Premier point tout d'abord : la forme. Aucun travail n'a été effectué sur le background qui se contente de reprendre rapidement « l'éternelle » Seconde Guerre Mondiale, ce qui ne se remarquera aucunement in-game vu que le jeu se déroule en Afrique, posant un héros générique et une absence quasi-totale de cinématiques pour proposer un scénario. On oublie les enjeux pour du jeu, rien que du jeu. Pourquoi pas...


Mais Sniper Elite III, c'est également l'épisode de la transition Next-Gen, pour un résultat assez mitigé. Clairement moche sur PS3/360, le jeu s'en sort évidemment mieux sur les nouvelles machines avec une bonne résolution et un frame-rate impeccable, ce qui est le minimum vu le peu de choses à afficher, et on applaudira de très bons effets de lumière, avec un soleil qui a véritablement le don de nous cramer les yeux et nous faire perdre en visibilité si on n'est pas le bon plan. En revanche, le reste est assez moyen. Les textures sont peu travaillées, on dénote quelques bugs et une pelletée de murs invisibles pour bien nous indiquer où il ne faut pas aller avec ce personnage incapable de sauter (tout juste est-il capable de passer au dessus de certains murets), en rajoutant des animations trop lambdas (qui se répètent beaucoup trop d'ailleurs chez les ennemis) et une certaines rigidité dans l'ensemble. Dans le même genre, on est à 1000 lieux d'un Ground Zeroes et de ce qu'a laissé entrevoir The Phantom Pain.

Passons au jeu lui-même. La campagne est découpée en huit chapitres, ce qui peut paraître très peu aux premiers abords mais hormis les deux premières, les autres se montrent très longues, avec parfois entre une et deux heures pour les achever si on y joue correctement, à savoir en mode infiltration. Bien sûr, vous pouvez y aller en bourrin et en mode facile mais l'intérêt sera du coup proche du néant. Non, pour assurer une expérience convenable, il faut y jouer dans les règles de l'art et sélectionner de suite la difficulté maximum, voir pour les plus courageux le mode Authentique qui enlèvera les sauvegardes illimitées (seuls les checkpoints assurant vos arrières). Et à chaque mission, une zone en semi-open world avec un ou plusieurs objectifs principaux et des missions secondaires qui peuvent se débloquer en allant.


La liberté offerte est donc véritable et il est possible de se rendre à l'objectif en usant de multiples manières, au point de parfois se rendre compte après coup qu'il y avait de meilleures manières de procéder. Une bonne chose, même s'il faudra s'habituer à un rythme très lent. En premier lieu, le simple fait de courir peut titiller l'oreille de l'ennemi ou pire, vous mettre dans le viseur de snipers ennemis (même si ces derniers sont finalement peu présents). La progression se fait donc majoritairement la tête baissée, d'où la durée de vie de chaque mission, et malgré le titre du jeu, on usera bien plus souvent de son silencieux voir d'attaques directement dans le dos pour arriver à nos fins. En effet, le sniper comme bien d'autres armes fait un bruit pas possible et pour l'utiliser sans trop de risque, il faudra profiter d'un autre bruit alentour pour couvrir vos tirs. Il peut s'agir d'un appareil détérioré, d'un haut parleur ou tout simplement d'un avion qui passe près de la zone, obligeant à calculer vos tirs pour placer vos heashots pile au bon moment avec quelques kills-cams qui se répètent mais qui ont le mérite d'être bien classe.

Problème de taille, on se rend vite compte que ces limitations dans la progression ne sont qu'un simple écran de fumée, et ce à cause du plus gros drame de ce titre : l'IA, et sa façon de réagir. Si elle n'a pas trop de problème à vous repérer malgré quelques couacs (un coup on est repéré derrière un buisson, alors que la fois suivante non), « l'intelligence » artificielle est soumis à un principe déjà entraperçu par le passé qui fait qu'elle se met en mode « suspect » au premier tir entendu, jusqu'à se diriger vers la zone du bruit en question, et pourra même passer à l'alerte générale si vous vous amusez à enchaîner un deuxième tir. A partir de là, il faut peut de temps pour trouver la faille : tirer (et tuer si possible), s'éloigner, attendre que l'IA vienne fouiller puis reparte faire son ronde même avec le cadavre d'un pote à coté, revenir, tirer, etc.

De quoi gâcher un peu la fête car difficile d'oublier ce type d'astuce lorsqu'on se trouve en position de danger. L'indéniable point faible du jeu alors qu'il aurait été préférable de miser sur une jauge d'alerte constante ayant un véritable impact sur nos erreurs là où ici, on finit par ne plus se préoccuper de ce genre de problème, jusqu'à carrément ne plus cacher les corps des ennemis abattus. Si en revanche vous restez du coté des intéressés, sachez que le contenu est au RDV. En plus de la campagne qui peut vous prendre entre 8 et 10h (et encore, sans évoquer la difficulté Authentique), sachez que le titre propose justement de faire cette dernière en mode coopération, un vrai plus même s'il faudra se contenter du online. En sus, un second mode coop (l'un marque, l'autre tir) est au programme, complété par un multijoueurs classique qui fait le boulot, et un mode Survie, seul ou là encore en coopération.

Conclusion : De qualité bien plus élevée que le dernier Sniper Ghost Warriors, unique concurrent actuel, le nouveau bébé de Rebellion ne peut pour autant prétendre au statut d'indispensable dû aux aléas du système, une IA aux fraises et un produit tout simplement mauvais dans la forme, du scénario aux graphismes. Reste un gameplay intéressant et assez trippant pour les plus vicieux d'entre nous qui auront matière à s'amuser, même si on conseillera fortement d'attendre une baisse de prix.